18/01/2011

Recette d’amour


Un après-midi d’automne,
Des rideaux tirés,
Des bûches dans la cheminée,
Un thé au jasmin
Un poème d’Aragon.
Ménager des silences,
Et laisser venir la détente.

Un tapis de fourrure,
Une épaule offerte,
Une main caressante,
Un sourire épanoui,
Un crépitement d’étincelles.
Installer la tendresse,
Et laisser monter le désir.

Une bretelle qui glisse,
Des lèvres qui se frôlent,
Des mots murmurés,
Deux cœurs battants,
Deux corps qui se rapprochent
S’ouvrir à soi,
Et se lâcher à l’autre.

Un corps qui bascule,
Des mains qui le dénudent,
Un parcours de frissons,
Des lèvres humides,
Des soupirs retenus,
S’offrir à l’autre pour se perdre,
Et se perdre pour se libérer.

Deux nus sur le tapis,
Des lèvres qui se mordent,
Deux corps qui se confrontent,
Deux sexes qui se regardent,
Un jeu réinventé
Libérer sa puissance,
Et gravir le chemin.

Deux corps emboîtés,
Deux sexes qui se prennent,
Deux bouches qui se nourrissent,
Une seule énergie,
Le cri de l’amour,
Atteindre le sommet,
Et communier ensemble.

Deux corps enlacées,
Deux souffles relâchés,
Des membres étalés,
Des braises qui s’apaisent,
Une fin d’après midi,
Remonter la couverture,
Et s’endormir heureux.

08/01/2011

Lisa


Pour Lisa, l’amour au quotidien, c’était devenu un devoir et la tyrannie de l’orgasme. Peu à peu, elle avait réussi à espacer les séances. De tous les soirs au début, ils étaient passés à un sur deux, puis deux par semaine. Après la naissance des enfants, c’était juste pendant le week-end. Ensuite il y eu les soirées entre amis où elle buvait trop, ce qui lui donnait des migraines. Ils sortaient beaucoup, travaillaient encore plus et avec les enfants qui grandissaient, faire l’amour c’était devenu trop d’énergie.

Ils dormaient toujours l’un contre l’autre, se caressaient tendrement, échangeaient quelques baisés sur les lèvres. Quand je les voyais, marchant par les rues main dans la main, je trouvais qu’ils formaient un beau couple. Ils avaient des effleurements laissant voir une complicité, qui me donnaient des envies.

Passé la quarantaine, il y eu des bouleversements, dont je vous épargnerai les détails, et chacun était parti de son coté. J’ai continué à voir Lisa, on s’est fait de supers soirées entre copines. Nous nous passions des hommes, d’ailleurs il n’y en avait plus. Les meilleurs étaient déjà pris, et les autres n’étaient pas assez courageux.

Après Lisa s’est lâchée. La première fois c’était dans le métro, ils étaient tous les deux accrochés à la même barre métallique, leurs mains se frôlaient, leurs regards se sont croisés. Et soudain tout est revenu ! La vibration dans le bas du ventre, l’émotion, le désir, … C’était incroyable ! Comment avait-elle pu oublier cela ?

La deuxième fois, c’était au cours de la réunion du CCE. Le hasard avait voulu qu’elle se soit malencontreusement retrouvée assise près du délégué de Sud. Bien qu’étant restée à distance, elle avait rapidement senti que cette proximité provoquait entre eux quelque chose d’indéfinissable. Puis elle avait reconnu la vibration dans le bas du ventre, l’émotion, le désir, …

La troisième fois c’était pendant son contrôle fiscal. Devant lui, elle avait étalé ses bulletins de salaires, ses relevés de comptes, ses pensions alimentaires et dans le tas elle cherchait le justificatif de ses cotisations syndicales, qui devait lui ouvrir droit à déduction. Elle était énervée, il l’avait aidé et c’est là que leurs mains se sont rencontrées. Vous devinez la suite : la vibration, l’émotion, le désir, …

Je n’ai pas besoin de vous expliquer que ces hommes là étaient tous « déjà en mains », comme dit ma copine Annie. Peu importe, maintenant Lisa va bien. Elle se donne à eux quand le désir est là et elle prend le plaisir qu’ils lui offrent. Si vous lui parlez de fidélité, elle vous répondra qu’elle l’est. Ce qu’elle donne vient d’elle et ce qu’elle reçoit, elle ne le prend à personne.

Lisa va bien, même s’il lui arrive encore d’espérer...

03/01/2011

Le chant des bergers


Entre un berger corse qui s’appelle et Gérard et un berger basque qui s’appelle Dimitri, il y a tellement de différences, qu’on ne peut absolument pas les confondre. Tout d’abord le berger corse traverse la montagne à pied par le GR20, qui comme chacun le sait est le plus acrobatique de tous les chemins à chèvres ; tandis que le berger basque garde ses moutons perché sur des échasses, prêtées par son voisin landais, afin de surveiller les ours, qui comme chacun le sait, préfèrent barboter un mouton que dévorer du miel. D’autre part le berger corse ne porte pas de béret et son chien ne lui colle pas aux talons. Quand au berger basque, ne lui chantez jamais « oh catarinetta bella chi chi » ou « petit papa noël », car il déteste Patrick Fiori, autant que Napoléon.

Par contre tous les deux aiment à se retrouver entre copains, en assemblées fraternelles pour chanter des polyphonies, et moi, ça me fait craquer ! Car, qu’il y a-t-il plus viril que ces hommes debout, torse bombé, s’appliquant à chanter, une main sur l’oreille ! Quoi de plus bouleversant que ces chanteurs portés par leur terre ! Quoi de plus poignant que ces mots d’une langue inconnue ! Quoi de plus touchant que ces gaillards taillés comme des guerriers, entrelaçant leurs voix jusqu’à fusionner, pour se livrer sans retenue à leurs émotions !

Moi qui ai bien connu Gérard avant de rencontrer Dimitri, je peux vous assurer, qu’il n’y a rien de mieux qu’un berger polyphonique pour vous émouvoir. Cependant, si vous habitez Landerneau, si vous avez épuisé vos cinq semaines de congés payés, tous vos RTT, ainsi que la réduc annuelle de la SNCF, vous pouvez toujours aller faire un tour sur les monts d’Arrhée ; avec un peu de chance vous rencontrerez un berger breton nommé Helmut, qui avec ses copains, vous chantera un « Kan Ha Diskan »

Pour en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Kan_ha_diskan

http://www.youtube.com/watch?v=nQY5m1BnqzM