27/11/2008

Cybers rencontres


Il est midi trente lorsque je déjeune avec Jamy de Montreuil, un célibataire sans enfant, qui garde pour lui sa profession et son revenu. A la brasserie du Carrefour de l’Odéon, où nous nous sommes donné rendez-vous, j’ai du mal à le reconnaître, car sa photo est vraiment très flatteuse. J’ajoute qu’il parle la bouche pleine et qu’il fait du bruit en mangeant. Dégoûtée, je le laisse payer l’addition et m’en vais rapidement louer un vélib, car je dois rejoindre à 14 heures un autre internaute. Divorcé, deux enfants, sportif non pratiquant et fumeur occasionnel, il répond au doux pseudo de Calinou3.


Quand j’arrive au café des sports de la rue Didot, il est déjà accoudé au comptoir, un verre de bière dans une main, une cigarette dans l’autre, les yeux rivés sur la télé qui diffuse les meilleurs buts du PSG, sous les commentaires avisés de quelques supporters habitués du lieu. Nous nous retirons dans un coin tranquille et je commande un café allongé. Par politesse, je reste jusqu’à 15 heures. C’est ainsi que j’ai droit, aux détails de toutes les étapes de son divorce et de toutes les turpitudes infligées par son « ex ».


Sortant de là, j’avise un cyber café et pour me remettre, je fonce consulter mes emails. J’ai rendez-vous à 16 heures 40 avec Amidou22, un athée pratiquant, romantique et intellectuel, à la recherche de tendresse, avec qui j’ai chatté la veille. J’ai juste le temps de repasser chez moi pour changer de tenue. Je troque mon jean pour un jupon à volants et mon pull pour une veste gansée de dentelles roses, avant de reprendre le métro pour la Bastille.


J’arrive la première dans le jardin de l’Arsenal et je m’installe sur un banc au soleil. C’est de là que je le vois arriver, avec ses yeux rieurs émergeant à travers tous ses poils. Je suis émue. Nous restons longtemps à nous regarder en silence, résistant à la force qui nous attire l’un vers l’autre, tels deux aimants. Puis n’y tenant plus nous nous réfugions dans l’hôtel le plus proche. A 20 heures nous nous séparons, fatigués mais heureux. En tout, nous n’avons pas échangé plus de dix mots, mais nos phéromones ont parlés.


Consultant mon agenda électronique, je constate que je viens de rater mon rendez-vous avec Gentlemen75, un parisien, plutôt agréable à regarder et passionné de théâtre que je devais rejoindre au Lucernaire. Je l’appelle pour m’excuser et il m’annonce avec élégance qu’il vient juste de revendre les places, mais qu’il serait heureux de partager son dîner avec moi, à la Coupole. Merci, cela arrive à point, les émotions de l’après midi m’ont donné faim. Je saute dans un taxi et un quart d’heure plus tard nous faisons connaissance, une coupe de champagne à la main.


Au cours de deux heures que nous passons ensemble, il me dresse la liste de tous les spectacles, de toutes les expositions qu’il faut avoir vu et de tous les lieux parisiens à connaître. J’ai l’impression de lire le supplément de Télérama. Après un repas aussi raffiné que léger, je rentre chez moi pour me ruer vers le frigo, car toutes les émotions de cette journée m’ont ouvert l’appétit. Je n’ai pas eu le temps de faire les courses, il ne reste que 2 carottes et un navet dans le panier à légumes. Tant pis je vais dormir.


Passant devant le bureau pour rejoindre le lit, mon Mac se réveille soudain, pour me dire que Montsd’arrée m’a laissé un message, Ilesduponant voudrait chatter avec moi, Allignementsdecarnac a visité mon profil et Pharedelajument m’a envoyé un flash. Vais-je résister à l’appel de la Bretagne ?


Maloue45, divorcée, gémeaux, 30 à 50 000 euros/an, bac + 4, décontractée, 90-65-90, rousse, … le plus beau n’est pas sur la liste.