30/01/2010

Bruits de bottes


J’attends derrière ma porte.

J’entends qu’ils se rapprochent.

Passeront-ils sans s’arrêter ?

Ils ne sont pas encore passés.

Ils se rapprochent, ils ralentissent.

Ils se sont arrêtés.

Non ils repartent ! Ils reviennent !

Et ils s’arrêtent encore !


Puis les coups frappés à la porte.

Non, ce n’est pas la mienne !

Pas cette fois, pas encore.


Et pour ne pas entendre, je me réfugie au fond de mon lit.

Loin sous les couvertures, l’oreiller sur la tête.

Les doigts dans les oreilles, je n’entends plus.

Je n’entends plus que les battements de mon coeur.

Il bat, il bat très fort, mais il bat.


Combien de temps battra-t-il encore, lorsque les pas se seront arrêtés devant ma porte ?

Lorsque les coups m’auront frappée ?

Une autre fois, la prochaine, la suivante ou jamais.

Je sais pas, je ne sais pas encore, je ne sais plus pourquoi.


Qu’est-ce qui me vaudrait que les pas s’arrêtent devant ma porte ?

Qu’est-ce qui me vaudrait que les coups pleuvent sur moi ?

Qu’ai-je fait ?

Que n’ai-je pas fait ?

Ou qu’aurais-je du faire ?

Je ne sais pas.


Personne ne le sait.

Personne ne le saura, même pas celui qui frappera.

Surtout pas lui !

Mais il frappera, car il vaut mieux être celui qui donne les coups, que celui qui les reçoit.


Je retire les doigts de mes oreilles, je sors de ma tanière.

Je me redresse, je n’entends plus rien.

Tout est calme.

Les battements de mon cœur se sont ralentis.

On tire une chasse d’eau, un chat miaule, un bruit de casserole.

L’immeuble reprend peu à peu le cours de sa vie.


Que s’est-il passé ?

Je n’ai rien entendu.