03/03/2010

Comment amener une femme dans son lit ?


Stéphanie c’est la grande blonde, très mince qui travaille à la compta. Oui, très très mince, un peu rousse même ! Moi, cette fille lorsque je la voyais arriver à la cantine, je serais tout de suite parti me mettre au lit avec elle, même sans avoir déjeuné et pourtant, vous connaissez mon coup de fourchette ! Mais bon ça se fait pas ! alors j’ai mis les formes : l’approcher mine de rien, prendre l’air de celui qui connaît le monde, la laisser venir avant de l’inviter pour un ciné ensemble.


Cependant, n’ayant pas réussi à trouver le film qui nous intéressait tous les deux et que ni elle ni moi n’avait vu, nous avons opté pour le resto. Mais trouver un restaurant avec Stéphanie n’était pas, non plus, une simple affaire : pas de pizzeria, pas de chinois, ni grec, ni quoi que ce soit d’exotique, pas de crêperie non plus, elle ne supporte pas le gluten. Va pour la brasserie, mais pas de viande, du poisson à la rigueur, mais surtout sans arrêtes et sans sauce. Elle a fini par commander une assiette de brocolis avec un filet d’huile d’olive et une carafe d’eau plate, tandis que j’attendais mon entrecôte saignante accompagnée de frites maison et d’un verre de Mercurey 2003. Quand on nous a servi les boissons, elle a demandé à goûter une gorgée de mon vin et quand on a apporté les plats, elle s’est servi une frite, puis une autre, de sorte qu’à la fin, je n’avais mangé que la moitié de mon entrecôte, elle avait sifflé les deux tiers de mon délicieux mercurey et englouti les trois quart de mes frittes maison. Moi, bien que m’étant rabattu sur ses brocolis et sur la corbeille de pain, j’avais encore faim. Ensuite je l’ai regardé se goinfrer d’une coupe de glace noyée sous une choucroute de chantilly. Ça m’a écœuré et je me suis commandé un autre verre de Mercurey, que je n’ai pas lâché jusqu’à la dernière gorgée. Ensuite j’ai payé l’addition et je suis parti très vite, prétextant la fatigue et le travail qui m’attendait le lendemain.


Avec Valérie, la petite brune des ressources humaines, j’ai pas eu mon mot à dire elle avait déjà, par le CE, retenu des places à Beaubourg. J’ai essayé de ne pas tirer la gueule, vu que j’avais un objectif derrière, mais vous devinez mon enthousiasme ! L’art moderne est à moi, ce qu’est le Mercurey à un client de chez Mac Do. Valérie était toute gaite au milieu de tous ces trucs et de tous ces machins. Elle m’expliquait le pourquoi du ceci et le comment de cela. Le pire, c’est quand elle m’a demandé ce que je ressentais devant un tas de guenilles, avec à coté un tas de vieilles savates. Sans réfléchir, j’ai dit tout de suite ce qui me venait à l’idée, j’ai parlé des camps de concentration et des fours crématoires. Quand elle m’a dit que j’avais bon, je lui ai pris la main et j’ai déposé un baiser à l’intérieur. Elle s’est laissée faire, elle avait même l’air d’aimer ça. Après ça n’en finissait pas, elle est restée une éternité à regarder un tableau tout bleu et moi aussi, vu que j’avais toujours sa main dans la mienne. Après c’était devant un film sur un type qui tordait des bouts de ferrailles pour faire des trucs qui servaient à rien. On voyait ses gros doigts essayer de faire fonctionner la mécanique d’un cirque miniature. Valérie était toute émue et moi je m’ennuyais à mourir. Alors je lui ai rendu sa main et je suis parti en prétextant que c’était l’anniversaire de ma mère.


Quand j’ai proposé à Sophie, celle de la dircom, d’aller ensemble danser un samedi soir, elle m’a répondu « Oh tu sais, danser moi c’est pas top mon truc ! Viens donc plutôt chez moi, rue Didot, code 24B68, on fera l’amour et après on grignotera en buvant la bouteille de Mercurey que tu auras apportée ». Là, je suis resté cloué et depuis je sais plus comment faire.