A la lueur du réverbère de la rue, son corps se détache en ombre chinoise dans l’encadrement de la fenêtre. Alors qu’il me croit endormie dans la pénombre de la chambre, allongée sur le ventre, je le regarde ôter ses vêtements par-dessous mon bras.
Il s’est d’abord assis sur le rebord du lit pour délacer ses chaussures, puis il s’est relevé et de profil, penché vers l’avant, les fesses légèrement en arrière, je le devine de la pointe de son pied droit, extraire le talon gauche de son soulier, qui ainsi propulsé, s’en va finir sa course au bout de la pièce, tandis que l’instant d’après, l’autre s’envole dans le sens opposé. Ensuite, croisant ses avant bras, il saisit dans un même geste, le bas de son pull et celui du tee-shirt. D’un mouvement rapide, il retourne l’ensemble pour l’extraire par dessus sa tête et dans l’élan, il lâche sa dépouille qui s’en va choir au hasard sur la moquette. Puis il reste un instant debout immobile, comme pour me laisser le temps d’admirer le triangle, que la ligne de ses épaules forme avec ses côtes, avant de rejoindre sa taille pour se fermer sur le nombril, que je devine dans le noir.
Je ne sais pas exactement s’il me fait face ou s’il m’offre son dos, mais moi je profite de ses contours : la masse de ses cheveux bouclés se détachant floconneuse au dessus de son buste en triangle et au dessous ses hanches, moulées dans le jean, pour quelques instants encore. Mais quelques instants seulement, car déjà j’entends le clic de la boucle de son ceinturon et le zip de la fermeture, tandis qu’un frisson me parcourt l’échine. Ses bras de chaque coté se détachent dans l’ombre, comme les anses d’une amphore, pour faire glisser en même temps le caleçon avec le pantalon. Il s’assoit à nouveau sur le rebord du lit, ne me laissant à voir que son dos. J’imagine la suite et je peux deviner le jean ouvert aplati au sol avec le caleçon encastré au milieu et les chaussettes, l’une ici, l’autre là.
Dans un basculement de son grand corps souple, il me rejoint sous la couette. Et là, pour vérifier la profondeur de mon sommeil, il commence à me caresser, la nuque, les épaules, le dos, la cambrure des reins, puis les fesses. Moi, pour mieux en profiter, je feins de dormir, jusqu’à ce que je le sente prêt à renoncer. Alors, dans un long soupir d’encouragement, je me retourne pour lui offrir, mon visage, ma gorge, ma poitrine, mon ventre, mes cuisses ouvertes et je m’étire sous ses caresses en ronronnant, comme une chatte sortant du sommeil.