03/01/2009

Vicissitudes de la vie conjugale


Au moment où ils avaient décidé de vivre ensemble, elle lui avait dit « avec toi, je crois que j’aurai moins peur de vieillir » et puis plus bas elle avait ajouté, « mais qu’est-ce qu’on va se faire chier ». N’ayant pas entendu la fin de la phrase, il lui avait demandé de répéter. Elle avait répondu, que le bébé avait eu une sacrée bonne idée de s’annoncer, sans qu’ils l’attendent et ils avaient refait l’amour. En ces temps là, ils faisaient souvent l’amour.


Ce soir, elle est devant la télé quand il rentre. Sans lever les yeux vers lui, elle s’excuse de ne pas l’avoir attendu pour dîner, puis elle rajoute, que son assiette est prête dans le micro-onde, comme tous les soirs. Mais là, il va se coucher sans manger et quand elle est vient le rejoindre, il lui lance « Tu avais raison, qu’est-ce qu’on se fait chier ». N’ayant pas très bien entendu la fin de la phrase, elle lui demande de répéter. Il répond qu’il regrette lui aussi, de ne pouvoir rentrer plus tôt, afin de dîner avec elle. Puis, dans un même mouvement, ils se retournent tous les deux, car il est l’heure de dormir. En ces temps ci, ils est souvent l’heure de dormir.


Deux minutes plus tard il ronfle, tandis qu’elle refait le bilan de leurs trente ans de vie commune. Ils ont deux beaux enfants, un superbe appartement et une maison de campagne confortable. Ils ont beaucoup de connaissances, parmi lesquels ils comptent quelques amis. Ils ont voyagé dans le monde entier, assisté aux meilleurs spectacles, vu tous les bons films et visité toutes les expositions recommandées par Télérama.


Maintenant leurs enfants se débrouillent seuls. Sur le plan professionnel, ils ont tous les deux atteint leur seuil d’incompétence (1) et attendent la retraite en payant annuellement, dix huit milles euros d’IRPP et ISF.


Oui c’est vrai, elle s’est souvent « fait chier » ! Et pour vaincre sa peur de vieillir, elle dépense sans compter, en crèmes affermissantes, anti-rides et visites chez son esthéticienne. Dans une salle de sport elle re-sculpte son corps, au cours de séances qui la laissent épuisée.


Elle s’endort à son tour, bercée par la pensée que demain, de cinq à sept, comme tous les jeudis, dans la chambre neuf, de l’hôtel des voyageurs, au numéro onze de la rue Didot, elle retrouvera les douces mains de Luis, glissant lentement de son pubis vers son ventre et ses seins. Les mains de Luis, volubiles autour de ses pointes dressées, légères sur sa gorge, enveloppantes autour de ses épaules. Les mains chaudes de Luis, s’immisçant sous ses omoplates, pour redescendre doucement, caresser son dos, souligner sa cambrure et contenir ses fesses. Après un court silence, repartant en arrière pour rejoindre sa taille, les mains souples de Luis, se laisseront guidées par ses lignes de hanches, pour atteindre sensuelles, les plis de l’aine et l’intérieur velouté de ses cuisses ouvertes. Flânant alors, dans cette zone humide, les doigts experts de Luis se feront désirer au bord de sa vulve offerte.



Ainsi, oubliant ses rides et ses affaissements, elle retrouvera sa jeunesse.


Merci à Ilan Duran Cohen, pour la dernière phrase de son film « Le plaisir de chanter » qui m’a inspiré cette histoire.

(1) Principe de Peter