13/12/2008

Père Noël privé ou privé de Père Noël ?


De notre envoyée spéciale au ministère des promesses


Afin de financer son plan de relance, le gouvernement a décrété mercredi dernier, la privatisation du Père Noël. Le traîneau et les rennes, vont être vendus par adjudication, dont le revenu servira à financer la RSAD (rente de soutien aux actionnaires démunis).


Quant au Père Noël, qui depuis 1945 bénéficie du statut de fonctionnaire, il va être mis en préretraite. Car nous sommes arrivés à une situation telle, que son niveau d’ancienneté, rend son salaire presque équivalant à celui du président. De plus, on s’accorde à penser que son service s’est beaucoup dégradé au fil des années, de sorte que beaucoup n’y croient plus. Une enquête commandée par le ministère des promesses, relève que plus de 80% des parents achètent eux même les jouets, afin de pallier aux déficiences du service public. Quant au 20% restant, cela fait belle lurette que leurs enfants n’ont pas vu la couleur d’un cadeau.


« Mais cela doit changer et cela va changer ! » a déclaré le président. Cette année, pour remplacer le Père Noël, le gouvernement va faire appel à un sous-traitant venu d’une planète étrangère. Le traîneau sera remplacé par un vaisseau spatial intersidéral fonctionnant à l’énergie cosmique, dont les ressources seraient illimitées. Le ministre des promesses estime que les coûts devraient baisser de trente à quarante pour cent. Début janvier, le gouvernement va proposer une loi de dénationalisation et mettre en place un plan de vente d’actions sur le marché boursier.


Dès la publication de cette information, les réactions n’ont pas manqué. Les syndicats dénoncent l’utilisation abusive d’une main d’œuvre sous qualifiée, sans protection sociale et pour un salaire de misère.


L’opposition craint la perte de nos repères culturels. Car il en sera fini du Père Noël, de son manteau rouge, de sa barbe blanche et de son don d’ubiquité. Il sera remplacé par une armée de E.T. en vélo cross volants, équipés d’une mini hotte accrochée au guidon, pour contenir les cadeaux. En rentrant de la messe de minuit, vous risquez de les croiser, vêtus d’une combinaison rouge à capuchon bordé de fourrure et pédalant à toute vitesse afin de respecter les temps impartis, avant de rejoindre le vaisseau qui les conduira vers un autre quartier, puis dans une autre ville ; toute la distribution devant être effectuée avant l’aube, afin de respecter le contrat de confiance.


De leur coté les associations de consommateurs s’inquiètent, car si le Père Noël était un personnage au dessus de tout soupçon, avec lequel il n’était point besoin de contrat de confiance, il n’en est pas de même avec son remplaçant. Sous couvert de simplification, la commande se fait maintenant sur http://www.perenoel.com/. Ainsi on consulte le catalogue tranquillement, en remplissant la hotte avec les cadeaux choisis. Mais pour valider la hotte, il faut absolument donner les numéros de sa carte bleue, la date d’expiration et les trois derniers chiffres qui se trouvent au dos de celle-ci. N’est-on pas en en droit de se demander, s’il n’y a pas quelque chose de louche là-dessous ?


Quelques jours plus tard au courrier des lecteurs :


Je viens d’apprendre la nouvelle concernant le Père Noël et je vous demande, sur quelle planète son remplaçant va-t-il se fournir ? Dans ma commande, j’ai demandé un amoureux et je crains de me réveiller avec un martien dans mon lit le 25 décembre. Est-il encore possible d’annuler ma commande ?