Le buste droit, les épaules en arrière,
Marilyne avance, de sa démarche altière.
Elle ondule de la nuque aux épaules, de la poitrine au ventre
Et l’onde se propage des hanches jusqu’aux jambes.
Ses longues jambes qui n’en finissent pas
D’atteindre le sol où elle pose son pas.
Parcourant le podium
Elle va féline et fière
Devant tout un parterre
D’initiés de la mode.
Elle porte sur sa tête toute l’Afrique et le souvenir d’Hawa.
Hawa petite fille, le long du fleuve Niger.
Qui va, cruche remplie dans les pas de sa mère.
Qui maniant le pilon, vibre et ondule au rythme de la conga.
Il est des fleurs qui poussent le long du fleuve Niger
Pour éclore dans les vases des salons d’occident.
Hawa est une de ses fleurs qui passa la frontière
Un jour ou le Mali ne savait plus nourrir ses enfants.
Et voguait la galère
De Gao à Paris
Déjà féline et fière
Hawa mordait la vie.
Balayant, récurant, dans les arrières salles et dans l’ombre des cours
Elle se fit invisible, évitant les contrôles, sans papiers, sans recours.
Et puis un jour, un jour d’été, un jour d’Afrique et d’épaules bronzées
Sans crainte, sans se cacher, elle s’en vint faire un tour sur les Champs-Élysées.
Le buste droit, les épaules en arrière,
Hawa avançait, de sa démarche altière.
Tandis que l’œil du photographe l’avait repérée,
Ondulante et pleine de toute son africanité.
Les photos sont sorties et Hawa a gagné
Le nom de Marilyne inscrit sur ses papiers.
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