20/02/2010

Valentines et Valentins


A tous les valentins et toutes les valentines, qui au cours des sixties, flirtaient sur « A Whiter Shade of Pale » des Procol Harum, dans les surprises-parties des salles paroissiales. A cette époque là, on pleurait avec Jacky Kennedy qui venait de perdre son John. Sartre et De Beauvoir respectaient leur pacte d’amour nécessaire mais non contingent. Au Golf-Drouot, Johnny s’enflammait pour Sylvie et dans les salles obscures, le bel Omar Sharif en docteur Jivago, se damnait pour les yeux de Julie Christie en Larra. Jean Ferrat nous disait que le bonheur existe, en chantant « Que serais-je sans toi ». Et moi, j’attendais mon heur en écoutant Françoise Hardy répéter « Tous les garçons et les filles de mon âge se promènent dans les rues deux par deux… »


A tous les valentins et toutes les valentines des seventies, qui s’embrassaient sur Imagine de Lennon, en allumant leur briquet. C’était le temps où Gainsbourg et Birkin se faisaient provocants, tandis que Sautet nous racontait les couples, en unissant la grande Schneider tantôt à Piccoli, tantôt avec Montand. C’était l’époque de Maritie et Gilbert Carpentier. Woddy Allen était avec Diane Keaton, Shella avec Ringo, tandis que Christophe attendait chaque soir la fille de la mairie, pour lui dire « les mots bleus ». Le beau Ryan O’Neal nous racontait sa tragique « Love Story » et la salle sortait ses mouchoirs. Moi, en attendant mon heur, j’allais seule par les rues, l’âme en peine, car personne ne m’aimait…


A tous les valentins et toutes les valentines des années quatre vingt, qui avec Téléphone ont rêvé d’un autre monde, en gesticulant dans les boums. On se rencontrait encore par les petites annonces du samedi sur libé. En ce temps là, Woddy Allen faisait jouer Mia Farrow, Michel Berger faisait chanter France Gall, René Aubry faisait danser Carolyn Carlson et J.R. faisait pleurer Sue Ellen, tandis que François Mitterand cachait Anne Pingeot. Et « Trois nuits par semaine » bon dieu que Rebecca était belle ! sa peau contre la peau d’Indochine. Robert Redford n’avait encore rien perdu de son charme, quand dans Out of Africa, il lavait les cheveux de Meryl Streep, au beau milieu de la savane kenyane. Moi, j’attendais encore mon heur et mes jours comme mes nuits étaient en tous points pareils, sans joie et pleins d’ennui …


A tous les valentins et toutes les valentines des années quatre vingt dix, qui dans les boites s’éclataient au milieu des décibels sur U2. Nous apprenions enfin que les hommes venaient de Vénus et les femmes de Mars. Les rencontres de faisaient sur minitel. Woddy Allen préférait la fille à sa mère et Céline Dion faisait un bébé à son René. Bill Cliton se révélait sur la jupe de sa stagiaire et Vanessa Paradis rencontrait Johnny Deep. Par delà l’Atlantique, Francis Cabrel renvoyait l’écho à Richard Desjardins, en déclarant après lui « Quand j’aime une fois j’aime pour toujours ». Pendant quatre jours Clint Eastwood et Meryl Streep s’aimèrent sur la route de Madison. Moi, j’en étais toujours à attendre mon heur, me répétant inlassablement « Oh ! quand donc pour moi brillera le soleil ? »


A tous les valentins et toutes les valentines des années deux milles, qui ensemble entrent en transe sur les rythmes technos. Du minitel on est passé à l’internet et au Speed Dating. Je ne sais pas où en est Woddy Allen, mais Bill Clinton a retrouvé Hillary, Charles a épousé Camilla et Vanessa Paradis est toujours avec Johnny Deep. A l’heure de l’email, du chat et du SMS, Renan Luce tombe amoureux d’une lettre. Patrick Chesnais qui croyait dur comme fer « je ne suis pas là pour être aimé », a découvert le contraire en dansant le tango avec Anne Consigny.


Et moi, j’ai trouvé mon heur, car je chante maintenant ce refrain avec Grégoire « Toi, plus moi, plus tous ceux qui le veulent. Plus lui, plus elle et tous ceux qui sont seuls. Allez, venez et entrez dans la danse. Allez ! venez, c'est notre jour de chance. A deux, à mille, ensemble on est capable, tout est possible tout est réalisable … »


http://www.youtube.com/watch?v=W5J8wzpTzrk


14/02/2010

Un métier trop bien !


Aparté en fond de classe de troisième, pendant l’intervention de la conseillère d’orientation.

- Femme de Président, c’est trop bien comme métier ! T’es invitée partout, tu vois plein de gens célèbres et tu passes à la télé. Tu fais aussi des voyages en avion, pour aller voir les femmes des présidents des autres pays du monde.

- Oui mais c’est fatigant !

- Un peu, mais tu peux te lever tard. Vu que tu travailles là où tu habites, t’as pas besoin de prendre le métro et en plus t’as un chauffeur qui t’attend toute la journée. T’as aussi une femme de chambre qui fait ton lit, lave ta baignoire et range les habits qui traînent.

- Oui mais c’est pas un métier !

- Mais si, c’est un vrai métier. Le matin, si t’as réussi à te lever, tu vas dans les hôpitaux, les crèches et les maisons de vieux, pour demander aux gens si ils sont contents. L’après-midi tu vas aux défilés de mode, pour boire le thé avec les mannequins et les stars que tu connais. Tu réponds aux questions des journalistes, sur c’est quoi les petits mots d’amour de ton mari et sa marque de montre préférée. Tu peux aussi chanter pour les tremblements de terre. Tu peux encore faire des clips, que tu vends aux pauvres pour donner à manger aux restos du coeur.

- Oui mais faut savoir chanter !

- Non faut juste que tu soyes belle, pour faire honneur à ton pays. Ils te donnent même des habits, pour faire montrer au Monde l’élégance de la grande couture française. Ils te donnent par exemple des grandes marques de chez Zara ou H&M et toi, t’as le droit de pas vouloir mettre du Tati ou de la Halle aux vêtements. Comme ça les gens qui te voyent, ils disent « qu’est-ce qu’elle est belle la femme de notre président de la France ! » et ils pensent tout bas « elle est vraiment plus belle que son mari ! ». Des fois, y en a qui pensent tout haut « comment il a fait pour trouver une femme aussi belle ? »

- Oui mais faut être belle !

- Un petit peu quand même. Mais c’est pas grave si t’es pas tout à fait belle, parce que tu peux te faire refaire par les chirurgiens des stétiques. Ils te montrent un catalogue et tu choisis tout qu’est-ce que tu veux changer.

- Oui mais ça coûte cher !

- Ça coûte cher, mais tu peux demander les bourses et faire un emprunt. De toutes façons, après quand t’es devenue femme de président, t’as plus besoin de rembourser tes emprunts. C’est remboursé automatiquement.

- Oui mais des présidents y en a qu’un et il a déjà une femme !

- Oui mais il est juste en CDD, après y en aura un autre. Et puis au début, tu peux être femme de petit président, comme les présidents des villes ou des départements. Tu peux même être femme de président d’un autre pays. Ça fait bien pour un président d’avoir une femme qui parle avec un accent étranger. Ça fait genre et les gens ils te kiffent grave !

- Oui mais il faut aussi des diplômes !

- Oui, il faut le bac !

- !!!

- S’il vous plait Madame le conseillère d’orientation ! C’est quel bac qui est le mieux pour faire femme de président ?