11/12/2010

Domicile commun ou chacun chez soi ?


Lorsque vous vous serez accordés, pour décider de faire un bout de chemin ensemble, viendra le moment où se posera la question, de faire ou non domicile commun. Vous analyserez méthodiquement les avantages et les inconvénients de chaque alternative et vous opérerez un choix rationnel.

Ainsi vous choisirez de vivre ensemble, afin de partager les frais ; et vous choisirez de vivre chez lui, parce qu’il possède un cinq pièces, plein sud, avec terrasse arborée et vue sur la tour Eiffel, au dernier étage du numéro sept de la rue Didot. N’hésitez pas, vous avez fait le bon choix, car vu qu’il est propriétaire, cela vous dégage de partager le loyer. Profitez-en pour sous-louer l’appartement, que vous occupiez avant de le rencontrer. Cela vous fournira un supplément de revenu à niche fiscale et vous ménagera un lieu de repli au cas où la routine conjugale deviendrait par trop quotidienne.

Toujours dans l’objectif de partager les frais, vous choisirez de vivre ensemble chez vous, parce que c’est chez vous, et parce que vous y avez toutes vos affaires. Avec beaucoup d’amour, vous lui ferez un peu de place pour les siennes, et c’est avec joie que vous accueillerez ses enfants un week-end sur deux. Depuis que les vôtres sont partis, la maison est si vide ! Vous allez revivre le bonheur de la grande tablée et de l’évier rempli de vaisselle sale. Rassurez-vous, vous avez encore fait le bon choix, car lorsque cette belle histoire d’amour prendra fin, vous retrouverez toute la place dans vos placards, sans avoir à refaire vos valises.

Quand à dix huit ans, vous vous êtes cassé de chez vos vieux, pour aller vivre à la colle avec Gérard, dans une chambre de bonne sous les toits du numéro huit de la rue Didot, c’était pour la liberté. Quand quelques années plus tard, enceinte jusqu’aux yeux, vous êtes descendus ensemble de deux étages, c’était pour un appartement plus grand. Quand vingt ans plus tard, vous avez quitté le domicile conjugal, laissant Gérard seul avec ses pantoufles, sa collection de « l’équipe », ses cannettes de bière, ses éructations diurnes et ses flatulences nocturnes, c’est parce que vous étiez enfin prête à vous assumer. Maintenant que vous savez, changer les joints de robinets, démonter et remonter une prise de courant, refaire l’étanchéité autour de la baignoire, paramétrer le nouveau téléviseur et assembler toutes les pièces d’un meuble Ikéa, pourquoi auriez vous besoin d’un homme à demeure, alors qu’il vous suffit de lui ouvrir votre lit, deux fois par semaine. Allez y, vous avez encore une fois fait le bon choix ! car vous pourrez sans souci, continuez à recevoir vos amants de passage les autres jours.

Si après mûres réflexions, ayant pesé le pour et le contre, vous vous apprêtez à quitter Paris, ses lumières et ses fêtes, afin d’élire domicile chez votre berger corse, pour y vivre d’amour, de soleil, de fromages de chèvres et de farigoulette, n’oubliez pas de laisser votre clé, pour les copines qui se préparent à quitter un Gérard. Ainsi, tout en rendant service, vous éviterez le risque de voir s’installer un squat, pendant votre longue absence. Et puis, on ne sait jamais de quoi sont capables les bergers corses ! il se peut qu’un jour, il ait besoin d’un asile politique, bien caché à l’ombre des lumières et des fêtes de la capitale.

NB : Toute ressemblance avec un Gérard particulier, ne serait que pure coïncidence, sauf peut-être s’il s’agit d’un berger corse. Mais là, c’est une autre histoire.


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